Succuber au Plaisir de la "Bo"té… de la "Fae"-minité…

Série canadienne fantastique créée en 2010 par Michelle Lovretta (Sydney Fox, l'Aventurière) et distribuée par Showcase, Lost Girl reste indubitablement à ce jour, l’un de mes « guilty pleasure » totalement assumé. Je me rappelle avoir attendu avec fébrilité, l’arrivée de la 3ème saison, savourant chaque épisode avec un plaisir non dissimulé. Caractérisée par sa progression en dent de scie et ce, malgré 3 premières saisons vraiment excellentes, Lost Girl a néanmoins su conserver suffisamment de charme pour se maintenir durant 5 saisons. Et même si la série est aujourd’hui arrêtée, son impertinence assumée mérite d'être saluée.

Parce-que oui, Lost Girl est une série qui ose ! Sincèrement, qui aurait pensé faire d’un succube, créature qui ensorcelle aussi bien les hommes que les femmes, l’héroïne d’un feuilleton télévisé ? Donc, je vous explique : notre héroïne, Bo, interprétée par Anna Silk, n’est pas une énième variation du vampire mais un succube. Elle ne boit donc pas le sang mais se nourrit du flux sexuel de ses victimes. Vous me suivez ? Bo se nourrit du désir d’autrui, telle une prédatrice, irradiant littéralement l’écran de tension sexuelle. La série est essentiellement construite autour de son personnage. Elevée par des humains, Bo n’a pas connaissance de l’existence de ses semblables. Voyant ses partenaires amoureux ne jamais se réveiller après leurs ébats, elle pense être un monstre mais n’a aucune conscience de son pouvoir magique et mythologique.

Lost Girl est donc, avant tout, une série qui parle du sentiment de rejet, de la recherche de soi, et de la volonté d'appartenir à une famille.

    

Bo en plein "repas".

C’est seulement en rencontrant l’inutile, l’insipide et plus qu’inexpressif Dyson (Kristen Holden-Ried), un flic loup-garou doté du charisme d'un aspirateur, (oui, j'ai osé, parce-que non, je ne l'aime pas, voilà, c'est dit), qu’elle découvrira son appartenance à la grande famille des Fae.

Celle-ci est divisée en deux clans : les Fae de l’Ombre et celles de la Lumière. Rapidement, les Fae lui demanderont de choisir un camp, mais, tel un électron libre, elle optera pour une solution un tantinet subversive en refusant purement et simplement de trancher, du moins, tant qu’elle n’en saura pas plus sur ses origines.

Accompagnée de Kenzi (campée par Ksenia Solo), une jeune humaine paumée aux allures de fausse ado délurée, elle forme un duo improbable et s’improvise détective pour mettre à profit son pouvoir là où la police a échoué.

Après un début intriguant et une mise en place lente, mais justifiée, Lost Girl nous plonge donc dans un univers prometteur aux mouvances oscillantes entre urbain fantasy et fantastique plus classique, avec des personnages charismatiques, le tout agrémenté d’une bonne dose d’humour.

Les scénaristes s'amusent réellement, confrontant nos deux héroïnes à des adversaires et à des interlocuteurs hauts en couleurs tels que Trick, le nain tenancier de pub (Le Dal Riada), qui deviendra le QG du groupe, mais aussi, une furie, une sirène et j'en passe... Seul bémol, la mythologie autour des Fae ne sera jamais vraiment développée, les scénaristes préférant donner à la série une dimension plus personnelle, en l'occurrence, la quête des origines de Bo.

Aidée par le toujours dispensable Dyson, son "baume réparateur ambulant", (elle l'utilise pour se soigner et cela se traduit par de torrides ébats sexuels inutiles)  et par Kenzi devenue une véritable amie, Bo sera également épaulée par MA Lauren (Zoie Palmer), une doctoresse humaine à la solde des Fae de la Lumière, chargée d'étudier les différentes espèces et de les soigner le cas échéant.

Il faudra attendre les épisodes 6 et 7 de la seconde saison pour voir la relation Bo/Lauren évoluer enfin vers des cieux plus cléments. Lauren fuyant la demeure du nouveau leader des Fae de la Lumière, vient se cacher chez Bo. Les deux jeunes femmes flirtent sous les yeux d'une Kenzi excédée. Et ce qui devait arriver, arriva (enfin hi hi !).

Lauren reste pour moi l'un des personnages les plus attachants et "vrais". Hors du cliché hétérosexuels vs homosexuels, ici le véritable "combat" reste celui des Faes et des humains ! Merci à cette belle ouverture d'esprit !

       

Mais revenons un instant sur le personnage de Kenzi qui à mon sens reste LA révélation de la série. Ksenia Solo excelle dans son rôle. Elle apporte la touche d'humour essentielle à la survie de la série. Sa fraîcheur, son look et ses répliques feront dates et la complicité qu'elle développe avec Bo offrent son lot de private joke. Ce n'est pas si souvent qu'un personnage secondaire se révèle être finalement plus captivant que le personnage central ce qui méritait d'être souligné. 

La 3ème saison reste, sans l'ombre d'une hésitation, ma préférée avec l'apparition d'un nouveau personnage  : Tamsin, interprété par l'éblouissante Rachel Skarsten. Elle apporte un nouveau souffle à la série. Tantôt garce, tantôt sympa, Tamsin appartient au clan des Fae de l'Ombre. Sa nature de Walkyrie (diablement sexy), réservera bon nombre de rebondissements. Sa mission : éliminer Bo et pourtant, peu à peu son attirance pour sa cible deviendra de plus en plus flagrante. Dès sa première apparition, j'ai adhéré au personnage et tout particulièrement à son "je m'enfoutisme" royal et à son double jeu. Un personnage multi-facettes qui se révèlera très attachant.

Autre personnages intéressants : Vex (Paul Amos) et Evony Fleurette Marquise dite la Morrigan car leader des Fae de l'Ombre (Emmanuelle Vaugier).

Vex apparaît pour la première fois dans l'épisode 8 de la première saison. C'est un personnage complètement décalé au look gothique, adepte du SM tellement extrême que cela donnera lieu à des scènes ridiculement drôles. Vex est un "Mesmer" dont la particularité est de pouvoir contrôler les mouvements des gens contre leur volonté. Il est aussi très lunatique, ultra colérique et difficilement contrôlable par le clan des Ombres qui utilise ses compétences pour en faire leur tueur à gage. Son pouvoir lui permet de convaincre ces victimes de se suicider ou de s'entretuer, ce qui peut s'avérer très pratique.

Evony c'est le personnage que l'on adore détester dans la série tant sa "garcitude" ne semble pas connaître de limite. Dans l'épisode 21 de la seconde saison intitulé "Into The Dark", Vex prendra le contrôle du corps d'Evony qui deviendra son pantin pour notre plus grand plaisir. Cherchant à la ridiculiser au maximum, il va lui imposer une danse digne des meilleurs nights clubs branchés dans une scène mémorable. Et ce qu'il y a de terrible avec le pouvoir de Vex, c'est que ses victimes restent conscientes durant toute la prise de contrôle. C'est juste jubilatoire !

Cependant, là où le bât blesse c’est qu’impertinence ne rime pas forcément avec originalité.  Si bien que, malgré des atouts indéniables, le scénario demeure très prévisible, sans réel  suspense, avec une  trame principale aussi transparente que le reste. Les incohérences et les inconstances du scénario déséquilibrent l’ensemble donnant lieu à des épisodes très inégaux. Le summun est atteint durant la quatrième saison où il y a tellement d’ellipses, de trucs bizarres, de confusions, de raccourcis, que l'histoire en devient franchement opaque !

Plus la série avance et plus je trouve l'indécision de Bo agacante.Elle a toujours été nombriliste et l'évolution de sa quête personnelle, n'arrange rien, bien au contraire. Ok madame est l'élue, ok elle apprend que son papounet n'est autre qu' Hadès (Dieu des Enfers) mais ce n'est pas une raison pour être aussi arrogante, limite saoulante par moment. Côté amour, madame n'est pas non plus un exemple de loyauté. Elle entretient une relation amoureuse avec Dyson, tout en ayant un penchant pour Lauren et entre deux, voilà qu'elle sort avec la jolie Tamsin histoire de... J'ai bien compris qu'il s'agissait d'un succube mais par moment cela devient vraiment limite... Je suis désolée de m'emporter mais c'est navrant (et vous comprendrez qu'en ex-cocu que je suis, cela me touche particulièrement, voilà ça c'est dit).

Cependant, malgré tous ses excès, on s’attache très rapidement à cet univers où notre succube préféré cherche par tous les moyens à nous vampiriser.

Série singulière, à l’univers inédit qui nous rend perplexe puis nous envoûte épisode après épisode. Lost Girl ne se démarque sans doute pas par son originalité, mais elle a le mérite d’offrir un spectacle dynamique tout en semant un vent de liberté constamment alimenté par un sex appeal flagrant. N’est pas succube qui veut…

C’est dans l’outrance et les touches de fantastique et de comédie que s’épanouit cette fresque gothique très addictive. Baignée dans un romantisme savamment dilué, dans une impertinence appréciable, l’héroïne est une femme mature, sûre d’elle ce qui nous change des mièvreries habituelles. Autre atout, et pas des moindres, des personnages secondaires très attrayants qui sauvent l'ensemble du fiasco, la faute aux incohérences quasi-constantes du scénario.

Le saviez-vous :

- Dans la saison 4, apparition de guests que certains reconnaîtront sûrement. Ainsi, Linda Hamilton (Terminator 1 et 2 ; La Belle et la Bête) ; et surtout Mia Kirshner (la célèbre Jenny The L Word).

- Il existe un arbre généalogique de Bo sur Syfy.

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